Vaucluse : Des Romains aux Papes

Depuis l’Antiquité, la région a su séduire les visiteurs. A tel point que les Romains s’y établirent laissant en héritage quelques magnifiques vestiges. Plus tard, ce sont les papes qui choisirent de s’installer en Avignon, transformant à jamais le destin de la cité. Aujourd’hui, c’est à votre tour d’être séduit.

Vaison-la-Romaine

Plantons tout de suite le décor : il y a en fait deux Vaison, Vaison-la-Romaine et de l’autre côté de l’Ouvèze, Vaison que l’on pourrait appeler la médiévale. On est d’abord attiré par la ville gallo-romaine, Vasio Vocontiorum, dont les deux sites sont aujourd’hui noyés au milieu de la ville moderne. Ils s’étendent sur une quinzaine d’hectares de vestiges mis à jour depuis le début du XXème siècle. A son apogée la cité couvrait 60 a 75 ha et devait abriter 10 000 habitants. Si le théâtre a été entièrement reconstruit, le reste est authentique. Au milieu des cyprès, on déambule entre les vestiges de villas privées, de boutiques ou de thermes. Pour mieux comprendre la vie de l’époque, le musée Théo-Desplans mérite une visite. On peut notamment y admirer la « mosaïque de la villa du paon » qui foisonne de représentations d’oiseaux et la statue d’Hadrien, haute de 2,16 m.
De l’autre côté de l’Ouvèze que l’on enjambe en passant le pont romain, on attaque les ruelles escarpées de la cité médiévale avec ses placettes, jardins, fontaines, hôtels particuliers… Tout en haut, le château (XIIème siècle), construit par Raimond VI, comte de Toulouse et marquis de Provence, veille sur la cité. On embrasse alors un panorama unique surplombant la ville et découvrant le mont Ventoux dans toute sa masse imposante.

Orange

On vient bien sûr à Orange pour son théâtre antique. Edifié au début de l’ère chrétienne, il est le seul théâtre romain d’Europe a avoir conservé son mur de scène. Impressionnant ce mur s’élève sur cinq étages et comporte en son centre, une statue de l’Empereur Auguste. Les gradins, eux, peuvent accueillir jusqu’à 9 000 spectateurs. La visite audio-guidée se révèle passionnante quant à l’architecture du théâtre, la vie de l’époque et l’histoire romaine. Dans les coursives, ne manquez pas l’animation « Les Fantômes du Théâtre » : quatre spectacles multimédias, de l’époque romaine aux Chorégies. En été justement, les Chorégies d’Orange sont l’occasion d’assister à des spectacles lyriques fabuleux (jusqu’au 7 août). Elles ont été créées en 1869 par deux grands lettrés, amateurs d’art théâtral. Le mot Chorégie existait déjà à l’Antiquité. Il s’agissait de l’impôt payé par les plus riches pour le coût des représentations théâtrales. Pour avoir une jolie vue d’ensemble du théâtre et de la ville, monter dans le parc de la colline Saint-Eutrope, juste derrière le théâtre (du XIXème celui-là).
A l’entrée de la ville, l’Arc de triomphe fut érigé dans les années 26-27. Témoin du prestige de Rome, il est l’un des plus anciens arcs à trois baies. On y trouve des représentations exceptionnelles : combats de romains et celtes, armes, dépouilles navales qui témoignent de la maîtrise des mers dont dispose Rome après la bataille d’Actium.
Avec un centre-ville quasi-piétonnier, Orange est une petite ville très agréable. Le jeudi matin, on a beaucoup aimé déambuler dans le grand marché qui fleure bon la Provence.

Avignon

Que de sites à voir à Avignon ! Prévoyez deux ou trois jours pour profiter au mieux de la ville. Incontournable tout d’abord : le Palais des Papes. C’est en 1309, que le pape Clément V commence à s’établir en Avignon. Devenu le siège de la Chrétienté, neuf papes vont alors s’y succéder. En moins de vingt ans, Benoît XII et Clément VI vont faire construire ce qui est aujourd’hui la plus grande forteresse gothique du monde. Palais somptueux, symbole de puissance, il était aussi une cité administrative et un lieu de culte. Chapelles et appartements privés des papes ont conservés des fresques inestimables de peintures françaises et italiennes. Autre star d’Avignon : le pont Saint-Bénézet. Edifié à partir du XIIème siècle, il fut plusieurs fois endommagé à la suite des guerres et inondations du Rhône. A l’origine, il comportait 22 arches. Il n’en reste plus que 4. Pour avoir un joli panorama sur le pont et le palais des Papes, empruntez la navette gratuite sur le Rhône qui vous mène sur l’île de la Barthelasse. Si, durant le mois de juillet, les rues d’Avignon résonnent du brouhaha des festivaliers, le reste du temps la ville est plus calme. Vous adorerez vous balader dans les ruelles à l’intérieur des remparts, véritable labyrinthe. Au hasard de vos pérégrinations, vous croiserez de beaux hôtels particuliers des XVII et XVIIIème, des demeures gothiques, des chapelles, la place de l’Horloge… Et bien sûr, toute une atmosphère provençale à souhait avec ses marchés regorgeant de fruits et légumes, ses placettes ombragées avec ses terrasses que l’on apprécie jusque tard dans la nuit… Une certaine douceur de vie !

L’Isle-sur-la-Sorgue

Voici la « Venise comtadine » ! On tombe forcément sous le charme de cette petite cité. Qu’il est agréable de se balader le long des quais de la Sorgue qui encerclent la vieille ville. Les anciennes roues à aubes témoignent de l’histoire de la cité qui en compta jusqu’à 62 sur ses canaux au XIXème siècle. Industrie drapière, moulins à papier, confection de la soie…les eaux de la Sorgue fournissaient la force motrice. Une dernière manufacture familiale subsiste à L’Isle sur la Sorgue et assure la totalité de la fabrication (filature, tissage, apprêt de couverture, plaids, couettes…). « Le parcours des roues » vous aidera à mieux comprendre ce pan historique de la ville. La vieille ville recèle aussi quelques trésors avec ses rues et ruelles bordées d’hôtels particuliers, ses passages couverts, ses porches sculptés, ses boutiques… Rappelons que L’Isle-sur-la-Sorgue est aussi très réputée pour ses antiquaires (marché le dimanche). Au coeur de la ville, la Collégiale Notre-Dame-des-Anges apparaît assez austère à l’extérieure. Ne vous y fiez pas ! A l’intérieur, c’est un festival de peintures et de couleurs ! Elevée au XIIIème puis reconstruite au XVIIème, elle offre des richesses tout ce qu’il y a de plus baroques.

Fontaine-de-Vaucluse

Depuis des temps immémoriaux, la Fontaine de Vaucluse attire et intrigue le visiteur. Au pied d’une très haute falaise sculptée par l’érosion, la Sorgue jaillit des entrailles de la Terre, au bout d’une gorge étroite et verdoyante. Et cette source est exceptionnelle ! Avec 630 millions de m3 par an, elle est la première de France, en volume d’eau écoulé. Si elle apparaît calme en été, les crues du printemps et de l’automne sont impressionnantes. Un tel débit dont chercheurs et scientifiques n’ont pas encore percés tous les mystères et des explorations sont toujours en cours. Certaines ont d’ailleurs démontré en 2002 l’importance archéologique du site avec la découverte de 400 pièces antiques. D’autres objets tout aussi anciens ont été mis à jour depuis. La source est encore loin d’avoir révélé tous ses secrets… Fontaine-de-Vaucluse est aussi un village dont les points d’intérêts sont concentrés autour de la place de la Colonne. Une partie est consacrée à Pétrarque, historien, archéologue, chercheur de manuscrits anciens qui vécu ici de 1337 à 1353. Il est considéré comme le premier des grands humanistes italiens de la Renaissance.